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Le Premier Mai

Le 1er mai d'avant-guerre n'était pas encore jour férié.

Il n'existait aucun défilé en Puisaye mais parfois quelques bûcherons sortaient des bois où leurs cabanes étaient installées et se réunissaient sur la place, leur large ceinture de flanelle rouge autour du ventre et une grande écharpe également rouge autour du cou, Ensuite, ils entraient au bistrot où ils finissaient la journée avant de retrouver leurs cahutes avec femmes et enfants.

Le 1er mai était une sorte de fête païenne dédiée à la déesse des fleurs.

Les garçons du village accrochaient pendant la nuit un Mai à la maison des jeunes filles. C' était généralement un gros bouquet de lilas ou… d'épine noire selon les «on-dit» sur la demoiselle.

Photo de brins de muguet sauvage dans les forêts de Puisaye
Photo Claude RICHARD

C'était aussi le jour du muguet porte-bonheur! La famille entière partait selon l'année pour les bois des Cueillis, des Simonets ou des Compères.

C'était l'occasion de rencontres fortuites ou arrangées entre gens de hameaux voisins. Quel plaisir de s'égailler sous les futaies et taillis, de s'y perdre et de rapporter un gros bouquet de ces clochettes odorantes ! Que d'idylles aussi se sont nouées à la recherche d'un brin de muguet!

Pendant plusieurs jours le parfum du muguet qui flottait dans toutes les maisons mêlé parfois à celui du lilas estompait l'odeur des animaux et du fumier qui s'entassait dans chaque cour.

Chez nous, le lendemain, une partie de la cueillette était mise à sécher par groupe de cinq tiges, en vue de tisanes pour soutenir le cœur défaillant de mon grand-père, mais attention à la dose car le muguet est un poison violent.

Il y avait aussi une autre façon de fêter le 1er mai qui se perpétue encore de nos jours à la campagne.

C'était de porter ou de traîner tout ce qui n'avait pas été rangé, sur la place du village : brouette, arrosoir, herse, rouleau, volet... ce qui était d'autant plus facile que les cours n'étaient pas fermées.

Le lendemain chacun venait reconnaître son bien en jurant de tout ranger et de ne rien laisser traîner... au moins une fois l’an !

 

Gilbert PIMOULLE  PARFUMS D' ENFANCE  En Puisaye, autour de 1920  Édité en 1999


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