Origine des céréales en Gaule Celtique
- Moulin et pain quotidien -
Quand les « Grandes Civilisations » de Mésopotamie (- 5000) et l’Egypte
regorgent de céréales -mot tardif, de Cerès, déesse romaine des
Moissons- notre pays est couvert de forêts impénétrables... Vers - 2300,
sans doute venus du Moyen-Orient, des « défricheurs », à la hache de
pierre, plantent, au « bâton à fouir », lesté d'une grosse pierre, et
délimitent les premiers champs : la Culture naît.
Premières céréales
L'EPEAUTRE , au grain petit et brun, date de l'Age de Bronze, suivi de
l'ORGE, base du « pain-bière » des Egyptiens, donnant la « CERVESIA »
gauloise, puis du SEIGLE -du Celte « sec », idée de coupe- à l'origine «
mauvaise herbe » ou « ségal » du BLE.
Ce mot, du Gaulois « Blato » et du Francique « Blad », (on écrira
longtemps BLED) désigne, au début, toute céréale, notre « BLE »
s'appelant froment, de « frumentum » en latin. Les Gaulois ont bientôt
la charrue à 2 roues, l’attelage, en file et couplé de bœufs, l'auroch
est domestiqué vers – 600, et même une sorte de moissonneuse !
Les conquérants Romains (1er siècle av. notre ère) apportent les
semences « tritucum diccocum et amidonia », l'AVOINE, ration en pain ou
semoule des Légionnaires, déjà donnée aux jeunes Spartiates pour son
effet « dopant » !, et une Herse rudimentaire, de rondins munis de
fortes piques. Durant les 2 siècles de la « Pax Romana », la culture
rationalisée des « Villae » permet un rendement, longtemps compté en
grains plantés, de 1 pour 2, environ 3 Q/H, alors jugé convenable...
Les envahisseurs Germains importent MIL et MILLET, acclimatés d'Asie :
ces « grains » sont servis en bouillies, brouets, galettes, rarement en
pain. La meule préhistorique, 2 pierres rugueuses maniées à la main,
exige du temps, pour une farine grossière.
Les « Grandes Invasions » (2e/4e siècle.) ruinent l'agriculture et les
paysans, réfugiés dans les forêts, oublient techniques et outillage de
leurs ancêtres ! Les Moines défrichent (les « Essarts »), plantent,
protègent et nourrissent, grâce à leurs « Fariniers » ; les villages
renaissent, autour des monastères ou des « Granges » cisterciennes.
Les moulins
Les Romains avaient « négligé » de nous importer leur moulin à vent (-
150) ou hippomobile (- 50)... Vers l'An 1000, via les Arabes, nous
arrive le moulin à vent, suivi de celui à eau. Construits par les
Seigneurs, contre redevance, ils deviendront « banaux », au XIIème
siècle, avec les « Fours ». Par économie, les pauvres gardent, en
cachette, l'antique meule, si le Seigneur ne les a pas brisées par
intérêt !
A Cravant, une rue rappelle le « Petit Moulin », sur l'Arbaut, détruit
en 1778 « faute de bled à moudre », (on débute 20 ans de disettes) et,
sur la Cure, attestés par les dîmes en 1180, « Les Grands Moulins ».
Mévente du vin et disette (la dernière !) de 1830, augmentant les
surfaces céréalières, le « Sieur Faivre » obtient, le 31 mars 1831, de
construire, sur ses terres de « La Planche », le long de l'Arbaut, un
moulin proche et modeste « pour les pauvres qui n'ont pas même un bichet
de bled à moudre » (20/40 litres de grains). Mais la population craint
de manquer d'eau : arrosage, chanvre, abreuvoir, lavoir, émoulerie...
Finalement, urbanisation et minoteries sonneront le glas, comme pour les
400 moulins actifs de Bourgogne au XIXème siècle. Certains revivent
pourtant...
Fabrication de la farine
Un exemple tangible nous est offert à Migé, au Moulin à vent de la
famille d'Autin, de 1730 à 1886 : il se visite, nous donnerons donc les
étapes essentielles. Le « Rouet », sous le toit, fixé à l'arbre sur
lequel sont implantées les ailes, comporte des dents fixes, les «
Alluchons », en cormier, bois assez dur pour ce travail. Les sacs de blé
étaient montés par la trappe et le treuil, actionné par les ailes.
Au dernier étage, le meunier versait le grain dans la « Trémie », et il
s'écoulait dans une gouttière, vers les 2 énormes pierres en silex , (à
Migé, 2 tonnes chacune, datant de 1818). Le grain, broyé descendait, par
la « Goulotte », vers l'étage inférieur, tombait dans le « Blutoir »,
cylindre de tissu qui, secoué, tamisait, séparait le son du froment pour
la récupération et mise en sac au rez-de-chaussée.
On peut acheter à Migé son sachet de farine « à l'ancienne » et «
boulanger » puisque c'est la mode !
Le pain quotidien
Il ne le devient qu'à partir de 1100, avec l'installation des Moulins en
France.
· « Blanc » : fleur de froment, pour les riches, et, decrescendo,
· « Méteil » : orge, seigle, froment, par tiers,
· « Bis » : seigle,
· de Son, voire de châtaignes.
Dès le Moyen-Age, « Pesteurs » (du latin « pistor ») et « Fourniers »
(responsable du Four) -2 à Creban aux XV/XVlème s. - en vendent : ces
termes seront évincés par le mot « Boulanger», du Picard « Boulenc » qui
signifie boule car le pain, de 8 à 10 kg, se présentait sous cette
forme. Puis, pour échapper à la taxation, les boulangers inventeront les
pains fantaisie »...
Le SARRAZIN est connu par les Croisés, d'où son nom, par analogie de
couleur, entre son grain noir et la peau des «peuples non chrétiens ».
Ce « Pain noir » remporte peu de succès : la céréale nous revient, via
la Russie, au XVème siècle, et Anne de Bretagne, Reine de France,
l'implante sur les terres pauvres de son Duché. Galettes puis crêpes en
feront la gloire.
Enfin, le « Pain des Pauvres » était, en Béarn et au Pays Basque, de
MAÏS, cultivé en - 5000, par les Indiens du Mexique : Bordeaux et
Bayonne furent les premiers à recevoir le MAHIZ des Caraïbes, planté,
ailleurs 3 siècles plus tard... Consommation moyenne journalière,
jusqu'en 1900, de 1 kg , mais 2 kg à la campagne et pour les plus
pauvres : même taxé et de prix stable aux XVII/XVlllème s. le salaire
d'un journalier ne peut payer le « pain quotidien » de sa famille.
La Révolution exige un « Pain d'Egalité » (de froment) inapplicable :
8/10 Q/H (1 pour 5) ne suffisent pas à 25 millions de Français, qui, en
1792, à Cravant aussi « ont mangé les semences de printemps » ; détaxés
et rares, pain et blé, en 94-95, valent 10 fois le prix imposé pendant
la Royauté. Quand les charrues Dombasle et la mécanisation donneront 11
Q, voire 15 Q, la consommation de pain baissera, inexorablement... La
population n'est plus rurale à 90 %.
Paradoxes du XXème s. : agriculteurs en baisse -20% en 1960, 5% en
1998-, et rendements énormes -60 Q/H (1 pour 35)- consommation de pain à
120 g, 60 g en ville !, à 75 % en baguettes. Mais, parallèlement, la
reconnaissance médicale des bienfaits du pain et le besoin de « retour
aux sources » réhabilitent la culture « naturelle », aux Fêtes des
Moissons, des Céréales : en Grec, « Bios » ne veut-il pas dire Blé et
Vie ?
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