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L'automne à Chablis

 

Avant l'apparition des pressoirs nouveau style

l'on entendait le soir et longtemps dans la nuit,

parmi les cris d'appel et tant de joyeux bruits,

l'on entendait souvent des tic-tac dans la ville.

 

Ces coups révélateurs des battants métalliques

étaient ban de vendange en l'automne arrivé

semblant fêter, ensemble, un bonheur retrouvé

dans Chablis se nimbant de coteaux idylliques.

 

De nos jours, ces travaux gardent des airs de liesse,

un rire encouragé par les coeurs de vingt ans.

Dans les lieux-dits connus de tous les habitants

la vigne aux raisins blancs tient toujours sa promesse.

 

Mais revoyons plutôt les aspects de naguère,

le vin nouveau, ce roi des celliers assombris,

qui prend corps et valeur dans les meilleurs abris

que sont ces fûts de chêne, ô bois que l'on préfère !

 

Dès que les vendangeurs s'égaillaient sur les côtes,

ici, au bord des rues, ailleurs au fond des caves,

les pressoirs, en tintant, apportaient leur concours.

La ville, avec ferveur, accueillait tous ses hôtes.

 

Aussi, je me souviens d'instants heureux et dignes

des plus parfaits moments passés en ce pays ;

pour les garder au coeur, un seul jour m'eût suffi :

le soir d'un beau couchant, à l'opposé des vignes.

 

Le nectar déjà blond tout couronné d'écume

de même qu'aujourd'hui coulait en ce temps-là,

trésor de ces lointains tout garnis d'échalas

dominant le Serein voilé d'un peu de brume.

 

Ce soir-là, le logis éveillait en sourdine

le robuste appétit de tous les vignerons.

Une agréable odeur jusqu'au bas des perrons

avait fumet de lièvre et senteurs de terrine.

 

Oh ! Que de joie partout ! On fait longue tablée.

Souvent le refrain monte et le propos grivois

mêle aux mots patoisants le rire au fond des voix.

Aujourd'hui, l'on croirait un repas de pélée.

 

Dès le souper fini reprend le pressurage.

Pour dompter ce labeur le bras se doit musclé

mais on rit de bon coeur si l'on est essoufflé

par l'effort poursuivi dans le dernier serrage.

 

A présent, dans le chai que la futaille encombre

l'on finit de descendre, enfin, le vin nouveau.

Dehors, tournant la rue, heurtant le caniveau,

le pas d'un homme heureux se perd dans la nuit sombre.

 

Concours de la Muse des vins de Chablis en 1977 - Prix honorable des Grands Crus.

Jean GUILLY
Avec la terre et les Saisons
Poèmes - 1985

 


Poèmes sur l'Yonne

 

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